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goudjilrahim
13 juin 2008

les genres littéraire

Le Clézio, Viau, Jammes, Sarraute, Crevel, Lamartine

L E S   G E N R E S  L I T T É R A I R E S

  Si la notion de type de texte est assez claire (le texte se définit en fonction de son intention et de son type d'organisation ; voyez notre tableau), la notion de genre littéraire est plus floue : dans chaque grand genre (roman, poésie, théâtre, argumentation), certains textes obéissent néanmoins à un système d'énonciation comparable, sont traversés d'un même registre (l'impression particulière ressentie par le lecteur) ou traitent des thèmes convergents. On se tiendra à cette définition sommaire pour recenser les genres littéraires les plus fréquents, sans oublier que le propre de l'écrivain est de faire voler en éclat les prétendues barrières entre les genres :

 

AUTOBIOGRAPHIQUE

  Approche du genre : les trois radicaux grecs qui constituent le mot définissent l'autobiographie comme "l'écriture de sa propre vie". Peu répandu dans l'Antiquité, le genre éclôt vraiment avec l'humanisme occidental et la réhabilitation de l'individu (« Je suis moi-même la matière de mon livre », affirme Montaigne au début des Essais, qui constituent l'œuvre la plus authentiquement autobiographique... et la plus inclassable).

  Formes dominantes :
Types de discours : narratif, descriptif.
La fonction expressive est évidemment dominante (je, moi) : mais si les réflexions, les sentiments concernent l'expérience personnelle, l'autobiographe n'a de cesse de prendre à témoin son lecteur auquel il donne le statut de témoin, juge ou confident, et obéit à une visée universelle qui le fait homme parmi les hommes.
La pacte de sincérité qui est à la base de l'entreprise autobiographique n'exclut pas une certaine manipulation, consciente ou non. L'auteur "transforme son expérience en destin" (Malraux), fournit des arguments propres à le déculpabiliser (Rousseau) ou cède au simple plaisir de raconter. Refusant plus ou moins la "littérature", il en donne enfin les plus éclatants exemples (Sartre).

  Texte théorique :
Philippe Lejeune : Le pacte autobiographique.

  Œuvres caractéristiques :
Confessions : racontant sa vie, l'auteur peut avouer ses erreurs et chercher à les justifier (saint Augustin, J.J. Rousseau).
Journal intime : l'auteur confie au jour le jour à ses carnets anecdotes et réflexions (A. Gide, J. Green).
Mémoires : l'auteur est conscient d'avoir joué dans l'Histoire un rôle digne d'être rapporté (Chateaubriand : Mémoires d'outre-tombe) et décide de fondre son "misérable tas de secrets" dans ce par quoi il rejoint les mythes universels (A. Malraux : Antimémoires). Il choisit au contraire de dénoncer sa légende (J.P. Sartre : Les mots).
Autoportraits : l'auteur part à la recherche de soi à travers une trame non linéaire où, à la manière d'un puzzle, se dessine peu à peu sa personnalité (M. Leiris : L'âge d'homme ; R. Barthes : Roland Barthes par lui-même).
"Autofiction" : le terme a été inventé par Serge Doubrovski (Fils, 1977). Désigné clairement comme "roman", le récit de vie confond néanmoins auteur et personnage, au contraire du roman autobiographique qui met en scène des personnages au nom fictif (J. Vallès : L'Enfant).

  Exemple :
le solennel pacte autobiographique du préambule des Confessions de J.J. Rousseau :

   Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi.
  Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus ; j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut juger qu'après m'avoir lu.
  Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra ; je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n'ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon, et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire ; j'ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus, méprisable et vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime, quand je l'ai été: j'ai dévoilé mon intérieur tel que tu l'as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables; qu'ils écoutent mes confessions, qu'ils gémissent de mes indignités, qu'ils rougissent de mes misères. Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité ; et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose : Je fus meilleur que cet homme-là.

COMIQUE

  Approche du genre le mot "comique" (du grec kômos, fête carnavalesque et rurale en l'honneur de Dionysos) désignait dans l'Antiquité toute pièce de théâtre. A partir du XVII° siècle, il qualifie les œuvres essentiellement théâtrales (les comédies) qui s'opposent à la tragédie dans leur finalité, qui est le rire, et leur dénouement heureux. Le registre comique s'applique à des sujets ordinaires, traités dans un style familier, où souvent domine l'intention satirique et morale : la comédie "châtie les mœurs en riant", tournant en ridicule  des caractères ou des vices à la mode.

  Formes dominantes :
Types de texte : théâtral, narratif.
comiques de caractère (personnages pittoresques en proie à une passion), de situation (imbroglio, quiproquos), de mots (calembours), de mœurs (satire sociale).
registres : burlesque, héroï-comique, ironique, satirique.
le rire est provoqué par la dénonciation caricaturale des ridicules et par l'expression mécanisée d'une passion.

  Textes théoriques :
Aristote : Poétique - Molière : L'Impromptu de Versailles, Critique de L'Ecole des Femmes - N. Boileau : Art poétique - V. Hugo : Préface de Cromwell - H. Bergson : Le Rire - Ch. Mauron : Psychocritique du genre comique.

  Œuvres caractéristiques :
la comédie de mœurs tourne en dérision un travers à la mode (Molière, Tartuffe),
la comédie d'intrigue est davantage occupée par la conduite de l'action (P. Corneille : L'Illusion comique) et les jeux de scène (quiproquo, imbroglio de la commedia dell'arte ; vaudeville : Labiche, Feydeau),
la comédie de caractères dépeint les ravages d'une passion (Molière, L'Avare).
la farce, héritée du Moyen-Age, où elle était destinée à servir d'entracte aux mystères religieux (La farce de Maître Pathelin), est une pièce bouffonne qui, dans une intrigue stéréotypée, met en scène des personnages populaires au langage grossier (Molière, La Jalousie du Barbouillé) ; la sotie (XV° siècle) ajoute à ces procédés une attaque hardie contre les pouvoirs établis.
saynètes, sketches (R. Devos), intermèdes, divertissements sont des genres libres et variés.
la parodie (Scarron : Le Virgile travesti) caricature une œuvre d'art dans une intention burlesque ; le pastiche (M. Proust : Pastiches et mélanges), dans une intention plus fine, imite les traits caractéristiques du style d'un écrivain.
dans le roman, le registre comique prend diverses formes : héroï-comique (Rabelais, Gargantua), pittoresque (Scarron, Roman comique ; Maupassant, Contes normands).

  Exemple :
une comédie de mœurs : voyez la scène VI de L'Île des Esclaves de Marivaux.

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